Cela fait maintenant plus de six ans que je suis végétarien. Du jour au lendemain, la viande a quitté mon assiette, pour de bon. Qu’est-ce qui a bien pu me décider ? Qu’est-ce que cela a changé pour moi ? Est-ce un changement sans retour possible ?
Samedi 2005-12-31. Ma compagne et moi sommes invités à passer le réveillon du nouvel an 2006 chez un couple d’amis près de Paris. En fin d’après-midi, nous allons ensemble faire des courses dans un grand magasin pour préparer le festin du soir. Dans ce supermarché, c’est l’effervescence. Difficile de ne pas percevoir l’agitation ambiante. Chacun fait ses dernières emplettes à l’approche du soir de fête. Le magasin met en avant ses produits les plus « festifs » (tout dépend pour qui) : foie gras, homard, huitres, etc. Des clients attendent aux caisses avec un homard vivant (mais plus pour longtemps) sur le tapis roulant. Difficile de ne pas penser au fait qu’il va mourir dans d’atroces souffrances quelques moments plus tard, tout ça pour le plaisir du palais.
Nous-même achetons toutes sortes de choses que nous n’avons quasiment jamais mangé : du canard, des escargots et même de l’autruche. Au repas, il y a donc une abondance de viande, bien trop pour quatre personnes. Ma chère et tendre n’arrive pas à finir son assiette. C’est alors qu’elle dit quelque chose dans le genre : « Toute cette viande, et ces homards dans le magasin, ça m’a coupé l’appétit. D’ailleurs, si ça ne tenait qu’à moi, je pense que je deviendrais végétarienne. ». Cette phrase ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Je lui réponds tout de suite que si ça lui dit, je suis tout à fait prêt à tenter l’expérience avec elle.
C’était l’élément déclencheur qui m’avait manqué jusqu’alors. J’avais déjà pensé au végétarisme auparavant, notamment durant mon adolescence. Je me souviens, par exemple, m’être demandé ce qu’un végétarien pouvait manger ou non (« Tiens, est-ce que si j’étais végétarien je pourrais encore manger des frites ? Ah oui, tant mieux. »), après avoir entendu parler de végétariens par les médias, ou par des amis qui en connaissaient (si ma mémoire ne me fait pas défaut, je pense que je n’en avais jamais rencontré moi-même).
J’ai toujours eu une vision positive du végétarisme. Je considérais cela admirable que quelqu’un renonce à manger de la viande pour éviter que des animaux souffrent et meurent. Avant ce jour-là, je ne m’étais en fait simplement jamais posé la question : « Deviendrais-je végétarien ? ».
Du jour au lendemain, nous sommes donc devenus végétariens. Nous avons décidé de ne plus manger d’animaux ; qu’aucun animal ne doive plus mourir pour nous nourrir. Je n’aimerais pas beaucoup qu’on me tue pour me manger, j’estime donc que je n’ai pas le droit d’imposer cela à qui que ce soit d’autre. De plus, je pense que j’aurais beaucoup de mal à tuer un animal moi-même. L’acheter pré-tué dans un bel emballage nous fait facilement oublier la réalité des faits.
Il faut dire qu’on m’a aidé à me diriger vers le végétarisme. Même si mes parents ne sont pas végétariens, ma mère a toujours eu une cuisine plutôt originale, s’écartant souvent de la cuisine traditionnelle belge, et s’inspirant souvent de la cuisine végétarienne. Sans le vouloir peut-être, elle m’a ainsi aidé à avoir un esprit plus ouvert.
Au départ, nous nous sommes dits que nous essaierions le végétarisme durant un mois pour commencer, et que nous déciderions alors si nous continuions ou pas. En fait, c’est seulement bien plus tard que nous avons remarqué que le mois était déjà passé, et que nous avions décidé tout naturellement de continuer.
Ce qui m’a surpris, c’est de constater comme c’était facile pour moi d’arrêter de manger de la viande. Je pensais que ça allait être plus difficile, que la viande me manquerait. Eh bien pas du tout. Pourtant, j’étais un amateur de viande. Même si je n’en mangeais pas beaucoup, j’ai longtemps estimé qu’un repas sans viande n’était pas un « vrai » repas. Sur ce point, j’ai évidemment complètement changé d’avis :).
Outre le fait de modifier son alimentation, devenir végétarien, c’est aussi choisir d’être différent, de se mettre en marge de notre société. Je pense que la plupart des gens essaient en général de faire justement le contraire : d’être bien intégré dans la société, d’être à la mode. Pourtant, choisir d’être différent est une expérience très enrichissante.
Devenir végétarien m’a ouvert les yeux. En décidant d’être différent de la norme, ça m’a permis de prendre du recul et d’être plus ouvert à la différence en général. J’ai pu également me rendre compte de l’ouverture d’esprit (ou non) de mes proches :). C’est très intéressant de voir la réaction des gens quand on remet en question des « traditions ancestrales ».
Ça m’a aussi permis de me rendre compte à quel point notre cuisine était axée sur la viande (au sens large, c’est-à-dire tout ce qui est chair animale : viande, volaille, poisson, crustacés, mollusques, etc.). Dans le menu des restaurants (cuisine belge ou française), les plats sont la plupart du temps classés par type de viande, et les légumes sont relégués à un rôle de garniture. En Inde, par contre, la carte de tous les restaurants que j’ai visités ne proposait quasiment que des plats végétariens. Ce n’était même pas indiqué qu’ils l’étaient. Il y avait parfois une toute petite section intitulée « Non Veg » contenant des plats non végétariens. Quelle différence ! Tout le contraire de chez nous.
Devenir végétarien m’a également permis de découvrir un autre monde. Le monde de toute la nourriture qui n’est pas de la viande, et auquel la plupart des gens n’accorde souvent que trop peu d’importance. À côté de la viande, les légumes m’ont toujours paru plutôt fades. Comme un ex-fumeur redécouvre le gout des aliments, en arrêtant la viande, j’ai découvert le vrai gout des légumes, des céréales, des légumineuses, des champignons,…
C’est seulement par la suite que j’ai appris qu’une alimentation végétarienne, en plus d’être bonne pour la santé, est également meilleure pour l’environnement, et aide contre la faim dans le monde. Même si je ne peux que m’en réjouir, ce ne sont pas ces raisons qui m’ont poussé à devenir végétarien, mais bien des raisons éthiques : éviter la souffrance et la mort d’animaux.
Pourrais-je un jour remanger de la viande ? Sauf pour des raisons de survie, je dirais qu’il est hautement improbable que ça arrive un jour.
Cela fait maintenant plus de six ans que je suis végétarien et je ne le regrette pas du tout. Au contraire, je regrette de ne pas avoir commencé plus tôt.
Et vous ? Que pensez-vous du végétarisme ? Seriez-vous prêts à essayer ? Vous êtes-vous déjà posé la question ?
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